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Cinématurnome s'intéresse au cinéma plus ou moins oublié (qui a donc 20 ans ou plus). On aime pas attribuer des notes ici alors pour faire joli il y a des lunes qui indiquent un facteur relatif d'obscurité, comme ça, pour rien.

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lundi 29 octobre 2012

Drakula İstanbul'da



Un film de Mehmet Muhtar
Turquie, 1953
V.F.: Dracula à Istamboul





Drakula İstanbul'da nous vient d'un effet de mode du cinéma turc des années 50 de faire des « X İstanbul'da». Tarzan à Istanbul (1952), les soucoupes volantes à Istanbul (1956).... De quoi nous faire penser aux populaires Turkish Star Wars (Dunyayi Kurtaran Adam, 1982), Turkish Superman (Supermen Donuyor, 1979), Turkish E.T. (Badi, 1983) et autres ultra-navets qui donnent un bien mauvaise réputation mondiale au cinéma turc. Hors ici ce n'est pas vraiment le cas, ces films des années 50 étant honnêtes et de bonne facture.

Le film qui nous intéresse ici a la distinction d'être le premier Dracula filmé depuis la version de Universal et donc au minimum la troisième version filmée. Il s'agit pourtant du premier Dracula à avoir de longues canines!

Et pas seulement ça, parce que le film suit de près le roman original. Mais avec également quelques changements significatifs. Comme le titre l'annonce, Dracula s'en va à Istanbul plutôt qu'à Londres. Mais c'est aussi un Istanbul moderne qu'on nous présente (de toute façon à l'époque du roman, la ville portait le nom de Constantinople). La première chose qu'on y voit, c'est des néons, des voitures de l'année, et une scène de danse mambo! Du coup il n'y a pas de croix pour combattre Dracula, mais seulement de l'ail. Il y a quelques changements mineurs, par exemple Dracula n'a qu'une femme, d'autres majeurs, comme l'élimination complète du personnage de Reinfeld. Ce qui me fait énormément plaisir. Que ce soit Knock dans Nosferatu ou le Reinfeld de Dracula (1931), j'ai toujours peu apprécié sa présence trop longue à l'écran et son air de bouffon. C'est un point de vue personnel (y a t-il des fans de Reinfeld?), mais du coup pour moi ce film garde mieux son intérêt après la première partie dans le château, là où la plupart des Dracula perdent leur cadence. La partie du château est aussi bien longue, 40 minutes du film. Étrangement les intérieurs de chez Dracula font penser à un tombeau égyptien avec quelques armures et chaises pour décorer...





C'est donc une adaptation fidèle et de bonne facture. Par contre en coupant ici et là, le film a des trous et demande d'être familier avec l'histoire de Dracula pour s'en sortir. Il y a aussi des trous plus troublants, comme une scène où Lucy (nomée ici «Sadan», tout le monde ayant bien sûr des noms turcs) met un collier d'ail pour se protéger du vampire, et 2 minutes plus tard c'est complètement oublié et elle se fait mordre (dans la version de 1931, Dracula hypnotise la garde-malade pour qu'elle enlève le tue-loup... qui remplace bizarrement l'ail).

Dracula est joué par Atif Kaptan, acteur de longue carrière. Pourtant il n'a pas une grande présence à l'écran, et son interprétation ne surprendra personne, sans compter la calvitie qui est un peu étrange. L'on est très loin du Bela Lugosi plein de charisme et délicieusement à côté de la plaque, il suffit de voir comment est livré la fameuse phrase «Listen to them, children of the night, what music they make».

Le travail visuel est quant à lui correct sans plus. Quelques mouvements de caméra transparents, quelques éclairages travaillés.... L'on y répète le truc d'éclairer directement les yeux de Dracula afin de lui donner un air inquiétant, comme l'avait fait Karl Freund sur Bela Lugosi. Mais si les chauves-souris du Dracula de 1931 constituaient l'aspect le plus ringard du film, ici elles ne battent même pas des ailes! Par contre il est impossible de ne pas mentionner l'état piteux du film. Une compagnie turc a sorti il y a 4 ans un DVD du film, qui fut aussitôt retiré du marché pour cause de copyrights, et en plus d'une télédiffusion turc tiré de la même source c'est la seule version du film disponible. C'est un transfert numérique qui date visiblement d'une époque très lointaine, avec un mauvais contraste. Mais cela n'est rien comparé à l'état du film lui-même, qui frôle la détérioration totale. Égratignures, trous et coupures, mais aussi de la moisissure et une instabilité dû visiblement à un rétrécissement de la pellicule, comme si elle avait été repêchée du fond de la mer. Le son disparaît brutalement à quelques occasions, est parfois désynchronisée et toujours enterrée sous une tonne de bruit. Le mieux est l'erreur de tracking où le haut de l'image se retrouve en bas! Les archives cinématographiques turcs sont en piteux état généralement et dans ce cas-ci cela affecte énormément le visionnement du film.

Drakula İstanbul'da vaut le coup pour les fans de Dracula parce qu'il n'est pas médiocre mais probablement pas en dehors de ça. Il n'a pas les qualités des versions les plus célèbres et il y manque un certain plaisir, se contentant plutôt de passer au travers des scènes du roman, l'idée de situer le film en Turquie contemporaine étant finalement plus contraignante qu'un ajout qui inspire les créateurs de l'oeuvre.






Et c'est tout pour mon mini-festival d'horreur!

1 commentaire:

  1. C'était bien cette suite de films sur un thème. Bon par contre ce dracula est sans doute celui qui m'intéresse le moins, je suis bien plus attiré par celui où le fossoyeur va en enfer tout ça. Il avait l'air mieux, et ton regard brillait plus quand tu en parlait.

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