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Cinématurnome s'intéresse au cinéma plus ou moins oublié (qui a donc 20 ans ou plus). On aime pas attribuer des notes ici alors pour faire joli il y a des lunes qui indiquent un facteur relatif d'obscurité, comme ça, pour rien.

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lundi 27 mai 2013

秀子の車掌さん





Un film de Mikio Naruse
Japon, 1941
V.F. : Hideko, receveuse d'autobus




Qu'est-ce qu'un receveur d'autobus? C'est quelqu'un qui t'accueille en entrant dans l'autobus, s'occupe des billets, surveille les passagers, pendant que le chauffeur s'occupe uniquement de la route. Un peu comme ces employés qui restent plantés à l'entrée des magasins pour dire bonjour. Hideko Takamine (qui prête donc son nom au protagoniste du film) occupe donc dans ce film un métier bien disparu de nos jours. Mais pire encore, elle est receveuse d'autobus pour une compagnie de transport qui n'a plus le vent dans les voiles, utilisant un bus dans un état lamentable et qui n'accueille plus que quelques passagers qui profitent du vide pour s'en servir de camion de transport ou d'autobus scolaire.

Heureusement, Hideko est une optimiste, souriante et entreprenante. Elle teinte le film d'une légèreté, accompagnée d'un soleil radieux que les gens combattent avec des limonades glacées. On a en fait plutôt l'impression de regarder une comédie légère de Hiroshi Shimizu (et il serait dur de ne pas penser à Arigatô-san (1936) un autre film léger d'autobus, mais qui s'apparente plus à un film road trip) qu'un film de Mikio Naruse. Le réalisateur est davantage connu pour ses films plus mélodramatiques (pour le peu qu'il est connu, ses films n'ont jamais été de gros vendeur par ici et sont disponibles hors du Japon qu'en trois coffrets ; deux au Royaume-Uni chez Masters of Cinema et British Film Institute, qui sont ses films essentiels, et un coffret de ses premiers films chez Criterion aux États-Unis, Collection Eclipse).



Entre les moments cocasses du film Hideko montre son enthousiasme à moderniser son autobus et avec son chauffeur réussi à obtenir l'aide d'un écrivain dans sa quête. Le charme du film est dans cet aspect si tranche-de-vie, ou tout conflit face à la quête est banalisé. Leur patron est un escroc, mais sa bonhomie et sa passion pour les limonades glacées en fait un personnage sympathique. Un accident de route se révèle banal, les blessures un rien. Les rumeurs que la compagnie est au point de la faillite? Le film ne tourne même pas en un scénario du style "sauvons l'entreprise du coin". Tout est si calme, posé, drôle et souriant, grâce à Hideko, que la tragédie sous-entendue est banalisée et rend la fin si poignante. C'est un film qui termine sur un sourire et des gens heureux, mais Mikio Naruse nous en laisse savoir davantage que nos protagonistes, et le moment où le générique de fin joue est poignant. Sans compter qu'on est en 1941 au Japon, tiens.

Le soleil, la légèreté du film? Le film rejoue dans notre tête après qu'il ait terminé, et ce qui avait été si banalisé pendant le visionnement prend de l'ampleur et nous fait tout voir sous un autre angle. On se retrouve comme les protagonistes.

Ce sera la première collaboration du réalisateur avec celle qui deviendra son actrice fétiche, mais aussi son dernier film d'avant-guerre.


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