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Cinématurnome s'intéresse au cinéma plus ou moins oublié (qui a donc 20 ans ou plus). On aime pas attribuer des notes ici alors pour faire joli il y a des lunes qui indiquent un facteur relatif d'obscurité, comme ça, pour rien.

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mercredi 26 septembre 2012

HABFÜRDÖ



Un film de Kovásznai György
Hongrie, 1979
V.F. : Bain de mousse (traduction non-officielle)
En Hongrie, le nom de famille précède le prénom.

Note: Ce texte a été écrit à l'origine pour un mensuel belge, «Point-Barre» numéro 3.



Bien peu de gens connaissent l'animation hongroise, un trésor caché qui date essentiellement des années 70 et 80. Du cinéma d'animation du bloc de l'est, les amateurs d'animation connaissent peut-être le travail soviétique (Iouri Norstein, Fyodor Khitruk), tchèque (Jiří Trnka, Jan Švankmajer), même polonais (Jan Lenica, Zbigniew Rybczyński) mais bien peu peuvent dire être familier avec le travail de Jankovics Marcell ou Kovásznai György. La raison étant peut-être qu'à l'époque les exportations hors du bloc étaient essentiellement des court-métrages. Jankovics Marcell a bien obtenu une nomination aux oscars pour un court en 1974 (Sisyphus) et le pays a remporté la statuette en 1981 pour A Légy (réalisation Rofusz Ferenc), mais ce qui semble avoir surtout marqué les esprits en Hongrie sont les long-métrages. Ces derniers n'ont aucun style commun, passant du dessin animé classique pour enfants au film culte à l'humour adulte jusqu'aux oeuvres d'avant-garde quasiment abstraites. Habfürdö est une étrange réalisation bien difficile à catégoriser, teintée de l'esprit des années 70.

Une dizaine de minutes dans ce film d'1h15 et il est clair que le scénario n'est pas un élément crucial à suivre. Celui-ci concerne un homme qui rend visite à une amie de sa future épouse afin qu'elle annonce l'annulation du mariage. Le film se passe presque exclusivement dans l'appartement de la femme, et ne concerne quasiment que ces deux personnages à l'exception de quelques apparitions de la future épouse. Le film est en fait une comédie musicale, de temps à autre un numéro de pop éclate, une pop détendue et organique qui renvoi davantage au début des années 70 plutôt qu'à sa fin, suggérant un long temps de développement sur ce film (un trou dans la filmographie de l'auteur laissant aussi suggérer la chose).


Mais ce qui fait le grand intérêt du film est la touche personnelle de Kovásznai György, son univers visuel, son trait, son animation complètement hors norme. Les personnages bougent avec une liberté totale, se déformant dans tout les sens, changeant presque complètement d'allure à chaque plan, le tout déborde d'une imagination folle. Aucune règle ne semble appliquée, et malgré une certaine limite technique c'est un régal visuel. Un aspect très intéressant est l'application d'effets de lumière, souvent colorés et animés, directement sur les dessins, plutôt que de simuler ces effets par le dessin comme il est commun de faire. Le résultat contribue à l'atmosphère psychédélique, mais place vraiment l'oeuvre à part.

Bien que son scénario simple qui traîne longtemps fini par crée un vide et par ennuyer, et que l'esthétique à elle seule ne peut faire tenir le film entier, il s'agit d'une petite perle qui brille simplement par le fait qu'elle ne ressemble à rien d'autre. Elle prouve du coup l'intérêt qu'il y a à porter pour le cinéma d'animation hongrois.



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