
Un film de Darezhan Omirbaev
Kazakhstan, 1992
V.F.: Kaïrat
V.F.: Kaïrat


Kaïrat est le nom du jeune protagoniste du film. Celui-ci quitte sa campagne vers la grande ville dans le but de poursuivre ses études. Le film est raconté dans ce qui ressemble à une série de vignettes : il cherche à plaire à une fille, se querelle avec un voisin au dortoir... Le tout afin de nous faire vivre l'état d'esprit de l'adolescence : confusion, ennui, cette impression de maladresse et de ne pas savoir comment appréhender les choses, ne pas être sûr d'être réellement là, si il s'agit d'un rêve ou de la réalité... Malgré des allures de documentaires, l'on est entièrement dans la tête du personnage. Et le réalisateur cerne particulièrement bien cet état d'esprit en créant un film qui est à la fois lent et rapide. Il y a de grands vides, mais on peut soudainement avoir l'impression de rater des choses qui se sont déroulées trop rapidement. C'est étrange mais efficace.


Le montage en vignettes et cette immersion dans la tête d'un adolescent ne signifie pas que c'est un film décousu, le tout étant très simple et clair à la fin (pas qu'il y ait de résolution hollywoodienne cependant, on est loin du Bildungsroman). Les rares dialogues et la cinématographie austère en noir et blanc en format 4:3 contribuent de manière significative au sens du film, à cette impression de détachement.
L'urbanisme soviétique est aussi utilisé à l'avantage du film : beaucoup de vide, de grands espaces, qui distance tout. Et beaucoup de cadres dans le cadre : fenêtres, télévision, cinéma, jeux vidéos (on a droit à une petite visite d'une salle d'arcade authentiquement soviétique, et vide, évidemment).
C'est un film unique, très court - un peu plus d'une heure! pas mal pour y revenir une deuxième fois et mieux y décoder ses nombreux symboles - qui semble plonger dans le passé et s'inspirer de Robert Bresson, être de son temps en rappelant le cinéma indépendant de l'époque et voir de l'avant en étant un peu un Tsai-Ming Lang avant la lettre.

